"Bonjour comment vas-tu? Je t'en prie, entre! Tu peux t'essuyer les pieds sur moi, voilà, mets-toi à l'aise! Le porte-coeur est dans le coin, là bas. Ah oui tu trouves que c'est toujours aussi charmant ici? C'est pas grand-chose tu sais, juste 7 litres de sang et des entrailles bien entretenues. Viens, je vais te montrer le jardin, tu as vu comme ma tumeur a grandi? Il faut dire que je l'entretiens tout particulièrement. Oui l'utérus est mort depuis ta dernière visite, mais j'ai enterré le foetus, et tu as vu, de belles cicatrices ont fleuri juste à côté de la tombe! Je te sers quelque chose à boire? A grignoter? J'ai un peu de poumon cendré, je sais que tu en raffoles! Profites-en, il n'en restera bientôt plus une seule miette! Tu as l'air inquiet, ceux sont mes incisives qui t'effraient? Oui evidemment, elles se sont aiguisées avec le temps, l'amertume a bien fait son travail. Mes ongles aussi, c'est vrai. Oh rien de plus que d'habitude, j'ai laissé Dame Nature officier. C'est peut-être une fatalité après tout, toi, moi et ces objets tranchants entre nous. Oui, je viens de verrouiller la porte d'entrée, ne me blâme pas pour ça, c'est toi qui m'a incité à cadenasser mon coeur, je me trompe? Tu l'as vu d'ailleur? Il est juste derrière toi. Ah ça oui il est bien amoché. Et irrécupérable m'a-t-on dit à la décharge. Tu sais qui je dois remercier. Ne recule pas comme ça voyons, tu pourrais heurter ma cage thoracique, et Dieu sait combien mes os sont saillants en ce moment. Et voilà, tu pisses le sang, c'est affreux. Quoique ce rouge sur le sol, c'est pas une mauvaise idée non? Quoi, tu es trop faible pour parler? Pas étonnant avec cette hémorragie. Ca ne te dérange pas si je m'en sers pour remplir quelques bocaux, j'en suis à court justement. Non je ne suis pas cinglée, je suis aigrie. Et terriblement romantique tu sais. Parce que lorsque tu ne seras plus qu'une enveloppe vide de sang, je ferai péter mes cervicales avec un paquet de dynamite. On rejoue Romeo et Juliette ce soir chéri, j'espère que ça te plaît. Voyons ne pleure pas mon ange, c'est comme ça que toutes les grandes histoires se terminent. Une flaque rouge et un coeur déglingué qui se fout en l'air tout seul. Un peu de violence pour une grande tragédie. Trois gouttes de sang contre trois secondes de répit."
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PHOTO: SKINS SERIE DE OUF
1 commentaires - ajouter un commentaire:
Hey,
Ca m'énerve, lorsque je lis ton article, je sais que je passe à coté de quelque chose...
Difficile de deviner lorsque l'on ne voit plus les gens.
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