/!\ ATTENTION ROMAN FLEUVE /!\
{ les photos qui ponctuent l'article sont issus de Rookie Mag, le mag de Tavi! }
( une merveille de magazine soit-dit-en-passant )
En ce moment, j'ai vraiment, vraiment pas la frite les enfants. Je barbouille tout en noir, je remets tout en questions. Sûrement car ma patience a été un peu trop éprouvée ces derniers temps, sûrement parce que l'attente du verdict qui décidera de ce que sera ma vie l'année prochaine commence à se faire rude. Bof. J'ai du mal à me motiver pour quoi que ce soit, j'ai tendance à glander, ce qui est soit dit en passant une chose que je déteste. Donc en résumé je n'ai de motivation que pour pratiquer une activité qui me barbe puissance dix mille. Oui, quelle vie saine et sereine je mène hein.
Avec mon budget riquiqui de jeune glandeuse, je remets donc beaucoup de choses en questions, et notamment ma relation aux fringues. Il y a quelques semaines, alors que toutes les nouvelles collections fleurissaient en vitrines et faisaient baver les nénettes de mon espèce, j'ai senti mon addiction au shopping en ligne plus forte qu'elle ne l'avait jamais été. Peut-être était-ce un moyen de contourner l'interdiction de faire les magasins que je m'étais donnée. Vachement rusée la nénette, hein. Je passais mes temps morts (et ils furent nombreux, oui février et mars 2012 furent je crois les deux mois les plus moroses de ma vie) à remplir des paniers fictifs sur Asos, Monshowroom, à ajouter des pages à mes favoris, à zieuter les looks des blogueuses, à faire des calculs. Résultats des courses, j'ai transformé cet acte d'autosatisfaction par excellence qu'est le shopping en un embroglio de frustrations... "Si je prends ce pantalon j'explose mon budget, ah oui mais avec le code réduction je peux me permettre ce short, et puis il me faut exactement deux tee-shirts, un menthe et un jaune, une jupe imprimée et une robe à col marin... le tout pour 3,50€, bien entendu". Croyez-moi ou non les amis, mais j'ai bien senti à ce moment là que mon âme se faisait la malle. Et j'ai véritablement réalisé que les choses dérapaient lorsque je me suis retrouvée à zoner sur les e-shop de boutiques plantées bien droites à douze minutes à pied de chez nous. J'avais perdu cette joie que j'avais pourtant toujours éprouvé lorsque je m'octroyais quelques heures de shopping, cette envie d'effleurer de jolies tissus, de fouiner à droite à gauche pour repartir toute fière avec une chouette trouvaille. J'avais tout mécanisé, j'étais devenu un robot du clic, même mes sorties en ville tournaient à l'obsession, et après l'achat d'une pièce, je passais des heures à me questionner sur ce que je venais de faire, à regretter d'avoir écorché mon porte-feuille pour ça. Je crois que ces derniers mois, je n'ai jamais vraiment été hyper heureuse, d'aucun de mes achats. C'est nul hein? A trop réfléchir sa garde-robe, on perd le plaisir de s'habiller le matin (ou l'après-midi, pour les feignasses de mon genre). Je ne sais pas comment on peut en arriver là, donner une telle importance à cette enveloppe superficielle que sont les vêtements. Je crois que tout ça provient du fait que ma situation actuelle m'interdit de vraiment profiter d'eux, moi qui ai les ai toujours aimés. Et comme une gamine attirée par l'interdit (ou comme Winnie par le gros pot de miel), je flanche à ma manière. J'ai l'impression que lorsqu'on se sent un peu perdu dans sa vie, les petits riens prennent des proportions scandaleuses.
Résultat, aujourd'hui, je suis un peu dégoûtée des teintes pastels, des cols claudines, du néon, du fluo, des imprimés fleuris, des paillettes, bref de ces tendances que je connais par coeur et dont je fais une overdose. Je rêve de basiques, de jupes en jersey, de tee-shirts en cotons, de pièces simples, qui s'assemblent facilement. Et oui, même si tout ça ne sonne pas très funky, je m'éclate, car je me sens inspirée, à nouveau. J'ai mis en sourdine les tentations du net, je fais un peu les boutiques (mais pas trop), j'ai des coups de coeur qui me font frétiller. Y a du progrès.
Ces dernières semaines, j'ai compris le sens de la fameuse appellation fashion victim. Je pense que je ne suis pas la seule, je crois que c'est une frénésie qui peut toucher tout le monde, par l'intermédiaire des fringues, mais pas que. Vivre de petits jobs pendant une année, en squatteuse d'un appartement qui n'est pas le sien, se réveiller chaque matin en sachant que la journée qui se profile ne sera qu'une succession d'heures insipides, ne plus avoir de but, vivre mécaniquement dans l'attente d'un verdict... sincèrement ça n'est pas simple. J'avais jusqu'à présent réussi à garder mes sens en éveil, à cultiver mes centres d'intérêts, j'alimentais régulièrement le blog (oui plus pour moi que pour les autres, je l'avoue)... Mais alors que je suis finalement assez proche du but, je ressens comme un tsunami de ras-le-bol en moi, et une envie plus que pressante de m'approprier subitement tout ce que je n'ai pas. Fringues, voyage à Barcelone et appartement, pour vous la faire courte. Bah ça va passer me direz-vous. Je suis d'accord, et j'ai de toute façon bon espoir. Mais qu'est-ce que c'est difficile de se sentir princesse malgré tout. Enfin, cette année m'aura au moins fait réaliser à quel point les e-shops sont à consommer avec modération (c'est même de cette modération que jaillit la petite étincelle, et je vous montrerai d'ailleurs de jolies choses bientôt). Et finalement, pas si vitaux que ça (à part Etsy haaaaaaaaa! - mode hystérique réactivé - ).
Un billet un peu long, futile et inutile (admettez quand même que la série de photos dinos est à s'éclater la tête par terre!), certes, mais que j'adresse du fond du coeur à celles et ceux qui se reconnaissent un-peu-beaucoup-ou-passionnement dans tout ça, que vous soyez tristes, fauchés, dans le doute, ou complètement accro à des trucs débiles, je vous promets que mêmes les horribles choses ont une fin. Bah oui! Allez, bises!