Je vais vous avouer quelque chose. Mes films préférés sont ceux qui dérangent un peu les codes de la morale, qui choquent, mais tout en restant subtils, qui provoquent un vrai remue-ménage intérieur. Ce que je préfère, c'est lorsque pour couronner le tout, l'histoire se base sur un fait réel, ou sur un bouquin, ce qui me permet généralement d'en lire plus sur le sujet, de fouiller sur le net pour démêler le vrai du faux. Récemment plusieurs films m'ont chatouillé l'estomac, et même s'ils ont des thématiques différentes, ils se rapprochent dans la façon dont ils dérangent. J'aimerais aujourd'hui écrire un petit paragraphe sur l'un d'entre eux, My Little Princess, premier film d'Eva Ionesco, inspiré de son enfance, que j'ai vu pendant ma période (hélas toujours en cours) de convalescence. Je vous dirai un mot des autres ces prochains jours...
Ce film m'a vraiment bouleversée. Eva Ionesco, fille d'Irina Ionesco, a créé le personnage de la petite Violetta, pour raconter sa terrible histoire. Des looks hollywoodiens des années 60 et 70, des robes en dentelles chinées aux puces, des plumes, des lèvres rouges sang... Le film est une merveille d'un point de vue esthétique. C'est d'ailleurs étrange de voir à quel point on peut se délecter des sublimes tenues et décors tout en s'horrifiant de l'histoire de cette petite d'à peine 10 ans, que sa maman, artiste-peintre ratée sur les bords décidée à se reconvertir dans la photo, maltraite dans ses clichés. Tout ça commence avec des poses un peu suggestives au milieu de plumes et d'accessoires morbides, puis, en échange de cadeaux, de robes, ou tout simplement d'un amour maternel un peu inaccessible, les vêtements tombent un à un, les cuisses s'écartent, et Violetta devient contre son gré le nouveau visage de l'érotisme. Les magazines sont avides, les photos font sensation. La petite grandit trop vite, elle récite ses poésies à l'école en bas-résille et se transforme en petite poupée vulgaire, bruyante et aguicheuse. La maman Isabelle Huppert (géniale dans ce film) va de plus en plus loin, elle franchit les limites, et le spectateur n'est pas ménagé. La petite en ressortira brisée, j'ai d'ailleurs lu qu' Eva Ionesco ne pouvait finalement plus se retrouver dans la même pièce que sa mère sans se mettre à hurler. Ce film, c'est un peu sa façon de panser ses blessures, même si Irina, malgré l'intervention de la justice, a continué et continue toujours de vendre les clichés de sa fille un peu partout dans le monde. Sincèrement je ne peux que conseiller ce film, pour ce qu'il est, et ce qu'il montre. Sans compte que les actrices sont merveilleuses. C'est concrètement le bijou un peu dissident de cette année 2011 (quoique je n'ai pas encore vu Sleeping Beauty haha). Sur ce, je retourne vaquer à mes occupations bordelaises...:) Bises