samedi 9 juin 2012

Nénette & Une Pénurie De Kleenex.






Aujourd'hui, et après une courte absence, je vais vous parler de Chocolatinier. Chocolatinier, et l'histoire dévoilera par la suite pourquoi je l'ai ainsi surnommé, c'est le premier garçon qui a fait battre mon coeur, pour de vrai. Une bouille captée dans la cour du collège, alors que j'étais en 5ème, une toute petite fille encore bien en retard sur les choses de la vie. J'ignorais tout de lui, jusqu'à son prénom, mais j'ai poourtant développé une sorte de passion secrète, qui a grandi avec les années. En 3ème, je connaissais finalement son prénom, mais aussi son nom, son emploi du temps, et avais développé un radar qui me permettait de le répérer en quelques secondes dans la cour de récré. J'avais gardé tout ça pour moi, n'osant en parler à personne, me sentant très bête, mal à l'aise avec ce béguin. Je me rappelle d'un tournoi inter-classes de fin d'année, où j'avais réussi à être dans sa "team" (choisie en dernier lors de la cruelle étape de sélection des équipes), où il m'avait finalement adressé la parole pour la première fois... "Pourquoi tu n'attrapes jamais la balle?"... J'avais cru défaillir, à l'époque.

Puis je suis entrée au lycée. Chocolatinier avait redoublé sa 4ème, nous n'étions plus sychrones... Et de toute façon, la probabilité qu'il rejoigne l'année suivante le même lycée que moi était faible. J'ai été sincèrement triste. Je l'ai croisé quelques fois en ville, cette année-là, et j'étais toujours la même cinglée euphorique en sa présence. A la rentrée de ma 1ère, je suis tombée sur lui, à l'entrée du lycée. Je n'étais pas sûre de l'avoir bien reconnu, il avait poussé pendant l'été, était devenu plus trapu. Il m'a fallu quelques jours de plus pour réaliser que oui, Chocolatinier avait bel et bien rejoint mon lycée. Cette fois-ci, j'ai tout expliqué en long en large et en travers à ma bande de folles copines. A partir de cet instant se sont ensuivies les deux plus loufoques années de ma vie. Je crois que la plus iréelle a été la dernière, celle de ma terminale, ou Claire, Manon et moi avons construit le plus gros délire intra-copines de tous les temps. Chocolatinier était appelé à la vie scolaire... je m'y précipitais. Je l'apercevais dans le foyer... je m'y précipitais. Je le croisais dans un couloir... je gloussais, les coudes de mes copines dans les côtes. Bien sûr qu'il y a eu d'autres béguins. Mais lorsqu'il était dans les parages, j'étais toujours la même trogne transie d'amour, un amour différent, un peu marrant, qui me faisait du bien. Lorsque sa classe s'est mise à organiser un voyage en Espagne, il a été assigné à la vente de chocolatines, à la récré du matin, de ça est né le fameux surnom de Chocolatinier... Je me rappelle lui avoir acheté des chocolatines, toute rougissante. Plus le temps passait, moins nous étions discrètes... Embuscades, courses poursuites dans la cours du lycée, cris hystériques... il a fini par se douter de quelque chose, et je me rappelle de ce moment terriblement gênant ou sa troupe de copains s'est mise à nous suivre... Je n'ai jamais autant ri que durant cette année de terminale. En juin 2006, j'ai dit au revoir à cet amour de jeunesse, un peu nostalgique, me disant que peut-être un jour, quelque chose nous réunirait, me permettrait de concrétiser ces années. J'ai cependant récupéré son numéro de téléphone grâce à un ami, et pendant 3 ans, à chaque occasion un peu spéciale (même si j'avoue qu'elles se sont espacées avec le temps), Noël, Pâques, Saint Valentin... je lui envoyais un message anonyme, dans le genre "Hey! Enjoy Chocolatinier!". Aujourd'hui, quand j'y réfléchis, je me dis qu'il a dû flipper plus d'une fois. C'était ma façon de garder un lien, de rester l'adolescente que j'avais été. 

Je ne l'ai jamais oublié, il m'est arrivé de le recroiser (mon dieu, ce jour mythique de conduite avec le moniteur de l'auto-école où j'ai tout lâché - et donc calé - en l'apercevant), à ces moments là j'avais à nouveau 12 ans, et le coeur palpitant. Puis j'ai rencontré l'amour, le vrai. J'ai toujours gardé Choc' dans un coin de ma tête, comme un joli souvenir, quelque chose qui m'a aidé à grandir. Il m'a accepté sur Facebook il y a deux ans, bizarrement. J'ai alors découvert que c'était un passionné de photo et de cinéma, un réalisateur en herbe, un mec génial, un baroudeur. Il y a quelques semaines, je l'ai croisé dans le bus à Albi... et j'ai cru défaillir, à nouveau. C'est marrant.

Chocolatinier, c'est en fait Valentin Rivié, ce jeune homme de 24 ans décédé dimanche dernier à Albi, suite à une agression, un meutre, un acte inhumain. La ville est sous le choc, moi je suis un peu perdue. Cette histoire, c'est mon lien avec Valentin, un lien que je conserverai à jamais. Je le pleure depuis une semaine, sans comprendre si j'en ai vraiment la légitimité. Il ne me connaissait pas, mais sans lui ma vie ne serait pas la même. Il a tout créé. Et de le savoir parti, je l'aime encore plus. Alors j'ai décidé de le faire exister ici, de lui rendre hommage. Si sa fin avait été un film, son film, il l'aurait sûrement appelé "Pénurie de kleenex à Albi", a faussement plaisanté son oncle, ce matin aux obsèques. Je ne sais pas trop comment finir ce billet, ici ce n'est pas comme dans mes poèmes, il n'y a ni chute, ni feinte possible. Alors si je terminais pas trois petits points...




Repose en paix mon Valentin.

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2 commentaires - ajouter un commentaire:

Manon a dit…

Je t'aime fort ma ptite Nénette.

Lulu (la belge) a dit…

Je suis de tout coeur avec toi, cocotte. Courage!

Bisous