samedi 29 janvier 2011

Nénette & Les Etoiles.

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La fille qui regardait les couchers de soleil seule
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____Ses yeux sont deux mares grouillantes. Deux plans d’une eau vert acide, piquetée de reflets qui scintillent sous un certain angle. Tandis que celui de droite peut fixer franchement ce qu’il a devant lui, celui de gauche se promène de biais, mais ce regard qui s’échappe a quelque chose de mystérieux. Incroyable d’ailleurs à quel point le décalage d’une pupille de quelques dixièmes de centimètres peut compromettre toute la banalité d’un visage. Car cet œil qui flanche a réinterprété ses traits, de l’arrondi du sourcil jusqu’à l’énigme d’un sourire, révélant différemment le plissement de ses fossettes. Il fait beau sur ces globes humides, et la rangée de cils recourbés plantée en bataillon au dessus de ces deux rondelles qui brillent filtre un peu de leur éclat.
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Cette lumière, elle la puise dans les étoiles, dans le blanc aveuglant de la lune qu’elle dévore des pupilles toutes les nuits, après le coucher du soleil. Ce rituel, elle l’a d’abord instauré pour mettre en pièce un vieux cliché. Celui des deux amoureux, qui s’assoient au bord du vide, dos et nuque côté à côte, les doigts entremêlés, et dont les mines se détournent difficilement l’une de l’autre pour contempler sans vraiment la voir la ligne d’horizon qui lentement s’éteint. L’amour, elle, elle ne l’a jamais connu, ni même rencontré. Elle s’est d’abord crue infirme, comme dénué d’un sens, d’une perception, d’une certaine forme de lucidité. Puis le temps allant, elle s’est sentie investie d’un nouveau charisme, s’est vue maîtresse d’un destin atypique et a mené sa guerre contre ce sirop trop sucré qu’est l’amour, rejouant ses traditions, ses banalités. Aujourd’hui elle regarde les couchers de soleil seule, petit point de chair rose planté au bord d’un précipice, les jambes ballotant dans le vide, les cheveux déployés dans le vent. Elle a dix, vingt, trente ans. Elle ne vieillit plus, elle grandit avec cette flaque de lumière rougeoyante qui étend doucement ses bras vers elle.
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Des années qu’elle détaille le phénomène, qu’elle apprend ses nuances par cœur. Elle connaît les cycles de la lune, la position des étoiles, les dessins qu’elles forment dans le ciel. Pourtant jamais elle n’apportera d’objectif, ou d’engin monté sur un trépied. Elle veut rester fourmi, face à l’immensité. D’ailleurs n’est-elle pas mieux les bras écartés, la tête renversée, les deux yeux grands ouverts, simple spectatrice de la succession de ces dégradés de rose, rouge, orangé, de cette tâche d’encre bleue qui doucement uniformise le ciel ? Elle se sent libre, et la solitude n’est pas un poids, car en réalité elle n’est plus seule depuis longtemps.
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Ce soir elle s’est maquillée. Elle a allongé ses cils, poudré ses joues, rosé ses lèvres. Elle a natté ses cheveux et dénudé ses jambes. Et une nouvelle fois elle s’assoie au bord du monde, le cœur vibrant. Cette nuit est la sienne. Cette nuit le soleil ne se couchera pas seul. Combien de temps lui a-t-il fallu pour comprendre qu’ils étaient deux célibataires à s’observer chaque soir, à vibrer ensemble ? Encore une fois elle assiste à la danse de l’astre. Et tandis qu’il diffuse ses rayons, il lui semble pour la première fois entendre comme une sérénade dans le souffle du vent. Elle se sent comme submergée, renversée par une vague de chaleur. Personne, pas même elle, malgré son armure de guerrière, ne peut vivre sans amour. Elle se penche en avant. Le ciel est partout, même dans le vide qui s’étend sous ses pieds nus. Alors, tandis que la dernière touche de lumière disparaît doucement au dessus d’elle, elle se laisse tomber.
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Et dans la douce brise on entend on violon.
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PS I: Hourra j'ai réussi à écrire!!! Nom d'une cacahuète, ça fait du bien! Merci Yann! ;)
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PS II: Sur la photo, c'est Eva Green. J'ai une sorte de passion pour cette actrice (en tout bien tout honneur hein!!) depuis que je l'ai vu dans le film Cracks, film pas vraiment extraordinaire en soi, mais hyper esthétique, et très novateur dans son genre puisque toutes les jeunes pensionnaires (l'histoire se déroule dans un pensionnat de jeunes filles) sont jouées (avec talent) par des actrices sans expérience. Eva Green est vraiment magnifique, et j'ai souvent du mal à dire ce genre de choses d'une actrice. Pour moi, elle domine de dix têtes au moins toutes les Zeta Jones et Cie que je ne supporte pas... Et ses tenues dans ce films sont... oufissimes!!! Donc si vous voulez rêvez un peu... Voilà voilà, c'est tout pour aujourd'hui! Bises
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