vendredi 2 décembre 2011

Quand Nénette Rêve Au Loup C'est Lola Qui Saigne.





Ce film est scandaleux. Mais genre, vraiment immonde, dans ce qu'il montre. Il m'a remué le ventre dans tous les sens, m'a fait fermer les yeux. Vous l'avez compris, je poursuis dans ma lignée d'articles à propos de films un peu dissidents. Lolita, c'est avant tout un livre de Nabokov, puis deux films, un premier de Kubrick, un deuxième d'Adrian Lyne, dont sont tirés les images ci-dessus-dessous. J'ai lu le livre après avoir vu le film de Lyne, et mon dieu c'est une merveille littéraire. Je crois que je n'ai jamais lu un livre aussi bien écrit, aussi beau, et encore, je ne me suis pas attelée à la version originale. Mais la vache, qu'est-ce que c'est dérangeant. J'ai grimacé, grimacé, grimacé sans cesse à sa lecture, tant l'histoire de M. Humbert Humbert, dévoré d'une passion franchement charnelle pour la petite nymphette Lolita dont il a la garde, est contre-nature. Lolita a 12 ans dans le livre, lorsqu'elle et Humbert deviennent amants, 14 dans le film. De plus, en choisissant une actrice un peu plus âgée que le rôle (Dominique Swain avait 17 ans à l'époque, elle était donc tout de même encore mineure... ce qui explique pourquoi chaque scène nécessitait la présence d'un témoin, et que les acteurs étaient protégés de "coussins" pour éviter tout contact direct), je suppose qu'Adrian Lyne a essayé d'apaiser le scandale, scandale qui a de toute façon fait rage à la sortie de cette adaptation. Car ce qui était sous-entendu dans le film de Kubrick est franchement dévoilé dans celui de Lyne. Il n'y a cependant aucune scène osée, le film est "simplement" une petite torture morale, et met extrêmement mal à l'aise. Ce qui ne m'a pas empêché de le trouver magnifique. La petite Lolita joue divinement bien, et Jeremy Irons et son regard totalement fou font des noeuds avec nos intestins jusqu'au dénouement final. Ce qui rapproche ce film de My Little Princess, c'est cette violence à la limite de l'inceste, imposée par le parent (ou le "substitut" de parent), mais d'un autre côté toléré par l'enfant. Dans le film d'Eva Ionesco, le violence naît dans les photos décadentes que la mère fait de Violetta, chez Adrian Lyne elle existe bien sûr dans les rapports physique entre Humbert et la petite Dolores. Et dans les deux histoires flotte le même concept de chantage progressif entre le parent et l'enfant: si tu me fais ça je te donne ça. Sincèrement horrible.



"Lolita, lumière de ma vie, feu de mes reins. Mon péché, mon âme. Lo-li-ta : le bout de la langue fait trois petits pas le long du palais pour taper, à trois reprises, contre les dents. Lo. Li. Ta." (une merveille d'écriture je vous dis)


J'ai préféré le roman au film, pour le style incroyable, et aussi pour le fait que tout est dit très explicitement, mais d'une façon tellement ciselée et travaillée, qu'au final l'horreur semble simplement sous-entendue. Dans un film, il est toujours difficile d'avoir un rendu pareil. Mais la pureté de l'actrice Dominique Swain, sa façon de nous faire oublier l'ignominie de sa relation avec H.H., le talent d'Adrian Lyne qui fait finalement de ce film une histoire d'amour, à sens unique, et complètement déchirante, tout ça me fait placer Lolita dans ma liste de films hautement estimés. Et puis, il faut aussi avouer que niveau fringues (l'Amérique des années 50, arg!) et décors, j'ai été comblée! En espérant vous avoir un peu incités à le voir... Je vous envoie des bises!


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